La conseillère nationale UDC Fehr Düsel a déposé une motion visant à restreindre les interventions chirurgicales et l’accès aux bloqueurs de puberté. Communauté, professionnel·le·s et allié·e·s rejettent fermement cette instrumentalisation de la santé. Plus de 40 organisations et 15’000 personnes ont déjà exprimé leur opposition à la demande.

Muriel Waeger (elle), Autor:in de Muriel Waeger (elle) | 23.09.2025

La motion intervient alors que la Commission nationale d’éthique (CNE) a confirmé que les pratiques existantes sont adéquates, qu’aucun dysfonctionnement systémique n’a été constaté et que le nombre de chirurgies chez les personnes mineures reste extrêmement faible (quelques dizaines au plus). Aucun argument médical ou juridique pertinent ne la justifie.

« Les personnes trans binaires et non-binaires trans ont droit à une prise en charge globale pour leur santé. Celle-ci doit être fondée sur les connaissances médicales et non sur des opinions politiques. Les interdictions discriminatoires entraînent des souffrances psychiques et physiques chez les jeunes trans. »
(Dr. David Garcia Nuñez, responsable du pôle d’innovation Variance de genre de l’hôpital universitaire de Bâle)

« En tant que professionnel·les, nous nous opposons aux restrictions prévues, car elles aggraveraient considérablement la situation déjà difficile de ces personnes vulnérables. »
(Miriam Wieteska-Zimmerli, Réseau queer, Association des psychothérapeutes de Bâle-Campagne et Bâle-Ville)

Les auteur·e·s de la motion s’appuient sur l’augmentation du nombre de cas depuis 2018 pour parler de « flambée » des traitements chirurgicaux. À Zurich, cela correspond à un passage de 0 à 4 opérations du haut du corps – 2024, toutes effectuées exclusivement après des évaluations longues et rigoureuses.

« La hausse des traitements après 2017 est liée à la suppression de l’obligation de stérilisation pour les personnes trans, et non à un prétendu phénomène social. De plus, par les restrictions imposées, les chiffres ont baissé de 70 % entre 2023 et 2024 à Zurich» explique Jann Kraus, membre du comité de Transgender Network Switzerland.

Un autre argument avancé par l’UDC, le lien avec l’âge du droit de vote, est tout aussi infondé :

« En Suisse, c’est la capacité individuelle de discernement qui détermine l’accès à des soins. Les mineur·e·s capables de discernement peuvent consentir à des traitements médicaux après un suivi strict et approfondi. Relier cela à l’âge du vote n’a pas de sens, puisqu’il s’agit de deux dimensions qui ne sont pas reliées », rappelle Adèle Zufferey, psychothérapeute spécialisée sur le sujet.

La motion remet en cause la pratique suisse qui reconnaît la capacité de discernement des jeunes, en voulant subordonner les traitements au consentement parental, ce qui exclurait celles et ceux pour qui le soutien familial fait défaut. Elle prétend aussi encourager la recherche, mais introduirait en réalité des obstacles discriminatoires : restreindre l’accès aux bloqueurs de puberté seulement pour les jeunes trans, ou les conditionner à une participation forcée à des études.

« Ces médicaments sont utilisés depuis des décennies chez des enfants de 7 ou 8 ans avec puberté précoce. Pour les jeunes trans, ils offrent un temps de réflexion, atténuent la souffrance d’une puberté non désirée et réduisent le recours à des opérations lourdes », rappelle Adrian Knecht, co-président Pink Cross .

C’est pourquoi les organisations signataires du communiqué exigent :

  • Un engagement clair en faveur de l’égalité juridique et de l’accès équitable aux soins pour les personnes trans.
  • Un rejet des interdictions déguisées sous couvert de prudence ou de recherche.
  • Un renforcement des services de conseil et d’accompagnement pour les jeunes trans et leurs proches.

« Les adolescentes ont besoin qu’un accès non-discriminatoire aux soins et médicaments dans le cadre de leur transition, leur soit garanti. Une interdiction sans fondement comme celle-ci renforcerait leur vulnérabilité et les empêcherait de se projeter dans un avenir sûr. », rappelle Eleo Billet, asso trans&non-binär.

La motion Düsel ne repose sur aucun argument médical ou juridique solide et créerait au contraire des obstacles dangereux pour les jeunes trans. Elle met en péril leur santé, leur bien-être et leurs droits fondamentaux, alors même que la Suisse dispose déjà d’un cadre juridique et médical rigoureux garantissant discernement, sécurité et accompagnement.

Informations supplémentaires :

Factsheet 

Communiqué de presse

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