Les organisations queer nationales et vaudoises saluent la condamnation d'Alain Soral à 60 jours de peine privative de liberté ferme pour incitation à la haine homophobe. Cette décision représente une avancée significative dans la lutte contre la haine et l'intolérance.

Muriel Waeger (elle), Autor:in de Muriel Waeger (elle) | 02.10.2023

Le 16 décembre dernier, le Tribunal de police de Lausanne a prononcé une condamnation contre Alain Soral, multi récidiviste notoire d’extrême-droite, pour diffamation envers la journaliste Catherine Macherel (qui signe sous le nom de Cathy Macherel). Bien que les organisations queer suisses et romandes aient salué cette condamnation pour diffamation, elles dénoncaient le manque de fermeté du tribunal qui n’avait pas retenu l’incitation à la haine homophobe dans son verdict. La nouvelle décision de justice a rectifié le tir pour les organisations queer, soulagées par ce nouveau verdict.

„Cette décision judiciaire marque un moment important pour la justice et les droits des personnes LGBTIQ en Suisse. La condamnation d’Alain Soral est un signal fort affirmant que la haine homophobe ne peut pas être tolérée dans notre société. C’est également une étape cruciale dans l’application de l’article du code pénal qui a été adopté par le peuple suisse en 2020. “ déclare Muriel Waeger, co-directrice de la LOS.

Gaé Colussi, responsable pour la Suisse romande chez Pink Cross, ajoute : „il ne faut pas oublier que ce genre de propos ont des conséquences directes et préoccupantes sur la communauté LGBTIQ en Suisse. Les statistiques sont alarmantes, avec une augmentation de 50 % du nombre de crimes de haine en 2022 par rapport à l’année précédente, comme révélé dans notre rapport de mai 2023. Ces chiffres mettent en évidence la nécessité urgente de poursuivre toute incitation à la haine homophobe en vertu de l’article 261bis du code pénal suisse. La condamnation d’Alain Soral est un signal nécessaire à une application plus rigoureuse de la loi pour lutter contre la haine et l’intolérance envers notre communauté LGBTIQ en Suisse.”

Du côté de Lilith, association vaudoise de femmes lesbiennes, bi et queers, on se montre aussi soulagées. Pour la co-présidente, Perrine Montignot : “une attaque contre une femme lesbienne est toujours une attaque contre nous toutes. Il est rassurant de voir que de tels propos ne peuvent plus être prononcés sans conséquences”

Vogay, association vaudoise pour la diversité sexuelle et de genre, salue aussi la décision. Manu Anex, co-secrétaire général-e de l’association, relève : “Cette condamnation est une première dans le canton de Vaud par sa sévérité. Dans un contexte où le discours public se montre régulièrement hostile, il est d’autant plus important que la haine ne reste pas impunie. Au vu de l’importance de la norme pénale anti-discrimination, la question de son extension aux questions d’identité de genre devrait être à nouveau discutée.”